Espagne - Utiel-Requena - Hispano Suizas, Bassus Pinot Noir 2007

La zone viticole de la DO (appellation d'origine contrôlée) Utiel-Requena est située à l'ouest de la province de Valence en Espagne. 95% de la surface du vignoble (sur un total d'environ 40 000 hectares) sont occupés par des cépages rouges. Le pinot noir qui n'est autorisé que depuis février 2007, ne représente que 6 ha (dont 5 ha appartiennent à Hispano Suizas).
Cette cuvée "Bassus" est donc issue du pinot noir (cépage des Bourgognes rouges), planté sur des sols calcaires et argileux. Les vendanges se déroulent uniquement le matin afin de maintenir le raisin à bonne température. Une fois arrivés en cave, les raisins sont mis dans des frigos durant 3 jours à -10°. Après, se déroule une fermentation à basse température (4 jours à 8° puis 15 jours à 26°). Le vin est ensuite élevé durant 10 mois en barriques neuves de chêne français (de l'Allier).
Robe rubis assez profonde. Premier nez expressif qui dévoile des notes tertiaires d'élevage et de vieillissement. Réglisse, fumé et truffe forment un bouquet fort agréable et peu commun pour un jeune pinot noir. La bouche est gourmande et juteuse. Un belle note de cassis se fait ressentir au palais. Finale moyenne aux tanins souples et profonds rehaussée d'une touche vanillée.
Voici là un excellent pinot noir espagnol provenant d'une appellation trop peu connue chez nous. Il accompagnera les viandes rouges et les plats de chasse.  (24€ en cave).

Liban - Vallée de la Bekaa - Château Ksara "réserve du couvent" 2007 (rouge)

C'est en 1857, au coeur de la vallée de la Bekaa juste au dessus de la ville de Baalbeck, que les Pères Jésuites ont acquis la propriété de Ksara. Les Jésuites ont revendu ce domaine aux propriétaires actuels en 1973. C'est le plus ancien domaine viticole du Liban. Les sols de la Bekaa sont constitués d'argile rouge et de craie. Les rendements au domaine sont compris entre 40 et 45 hl/ha et il n'y a pas d'irrigation dans le vignoble.
Cette cuvée "réserve du couvent" est issue des cépages : syrah (40%), cabernet-franc (30%) et cabernet-sauvignon (30%). Les raisins sont éraflés à 100%, puis mis en cuves pour fermentation alcoolique, suivie d'une cuvaison de 12 à 15 jours avant de subir une fermentation malo-lactique. Une moitié du vin (en fonction des cépages) est élevée en fûts de chêne neufs et l'autre moitié en cuves pendant 12 mois.
De couleur rubis avec des reflets grenat, la robe semble avoir un début d'évolution. Premier nez discret et fermé. Ce 2007 a besoin d'une bonne aération pour s'exprimer. Après un long moment d'agitation dans le verre, de belles notes de mûres, de cassis et de fraises des bois se font ressentir. Suit une fine touche vanillée très agréable. La bouche est onctueuse avec cette sensation de croquer dans une mûre sauvage ! L'équilibre est correct avec quand même une dominante douce et sucrée. Ce vin a du corps et est subtil en bouche. Suit une belle finale longue et sur le fruit. Le vin a besoin d'aération pour s'ouvrir. Je l'ai dégusté une première fois juste après ouverture, mais il était bien meilleur plusieurs heures après. Le mélange de syrah et de cabernets donne un bon résultat pour cette cuvée. Sa structure lui permettra d'être conservé encore quelques années pour accompagner des viandes rouges ou des petits gibiers. Environ 6€ (excellent rapport Q/P).

Muscadet Sèvre et Maine "sur lie" 2007 - Les Vignerons De La Noëlle "La Goélette"

Le Muscadet est une appellation trop méconnue et surtout trop sous-évaluée. La preuve avec ce Muscadet Sèvre et Maine élevé sur lie, qu'il est possible de trouver de magnifiques vins blancs secs pour un prix plus que raisonnable (4€80 la bouteille!). L'élevage sur lie est une technique associée aux vins blancs de Nantes. Le principe est de conserver le vin en cuves pendant au moins un hiver sur ses lies jusqu'à la mise en bouteille. En se déposant, par effet de gravité, les particules contenues dans les lies vont apporter au vin plus de complexité aromatique et plus de structure. Cette cuvée est issue du cépage melon de bourgogne, cultivé sur des sols de granites et de schistes. Les Vignerons De La Noëlle est un regroupement de producteurs (90 viticulteurs au total) qui se réunissent pour élaborer des vins du Nantais et de l'Anjou sur plus de 730 hectares de vignes.
La robe de ce 2007 est jaune pâle, limpide et aux reflets brillants. Le vin est un peu perlant. Le nez impressionne par son ampleur qui ferait presque penser à un chardonnay de Bourgogne de quelques années. Le bouquet est très agréable et complexe sur des notes florales et d'agrumes. Suit une bouche onctueuse dotée d'une belle acidité. Il y a beaucoup de volume et de gras, choses peu fréquentes avec un Muscadet. La finale est tendue et agréable, de persistance moyenne.
Vous l'aurez compris, ce Muscadet Sèvre et Maine sur lie est à découvrir rapidement et si vous n'avez pas la possibilité d'en trouver un de 5 ans d'âge, achetez un millésime récent que vous ferez vieillir quelques années et il n'en sera que meilleur.
A déguster sur des fruits de mer, un poisson en sauce voire pourquoi pas, sur du saumon fumé.

Gewurztraminer Grand Cru -Sporen- 2005 Domaine Baumann

Sporen, c'est le nom de la parcelle (d'une superficie de 23,7 ha) classée en Grand Cru et qui est située à Riquewihr en Alsace (Haut-Rhin). C'est un cirque naturel en pente douce orienté sud-est et formé de terrains argilo-marneux, idéal pour une bonne culture da la vigne. Quatre cépages blancs peuvent êtres cultivés en Alsace Grand Cru, mais cette cuvée est issue du gewurztraminer.
Le Domaine Baumann a été repris récemment par le Domaine Charles Sparr, situé également sur la commune de Riquewihr.
La robe de ce 2005 est jaune pâle avec de magnifiques reflets dorés. La teinte limpide et flamboyante est d'une belle jeunesse. Suit un nez riche et expressif aux arômes de fleur telle la rose blanche. Quelques notes supplémentaires de fruits exotiques et de litchi viennent à l'aération. Ce bouquet grandiose n'est pas surchargé d'arômes, ni démonstratif. Simplement beau et raffiné. Belle attaque en début de bouche. Milieu complexe et doté d'un équilibre correct. Les notes de fruits exotiques se confirment en bouche. J'attendais un peu plus de finesse au palais après un si joli nez. Mais l'ensemble reste correct. La finale est ample et soyeuse avec une bonne persistance aromatique.
Un agréable gewurztraminer Grand Cru qui reste encore jeune et qui pourra attendre environ cinq bonnes années en cave pour être dégusté sur un foie gras, un poulet au curry, une cuisine asiatique ou en dessert sur une salade de fruits exotiques. Acheté 15€.

Haut-Médoc Cru Bourgeois 2001 : Château Barreyres et Château Coufran

Cette AOC est la deuxième plus importante appellation du bordelais avec environ 4700 ha en production et uniquement en vin rouge. Elle s'étend sur une bande de 40 kms au nord de Bordeaux sur des sols de graves et argilo-calcaires. Il y a 81 Crus Bourgeois en Haut-Médoc, donc une diversité et un choix importants. Ces 2 cuvées sont des classiques de l'appellation qui se trouvent facilement en grandes surfaces lors des foires aux vins. Les prix sont variables, mais se situent en général entre 10 et 15€.
Château Barreyres 2001 : Est situé sur la commune d'Arcins à quelques centaines de mètres de la Gironde, au centre du Haut-Médoc juste au dessus de Margaux. C'est l'une des plus importantes propriétés du Médoc. Le chais de vinification est moderne et le vignoble à été entièrement restructuré. Les cépages utilisés sont le cabernet-sauvignon, le cabernet-franc et le merlot. Le vin est élevé 12 mois dans des barriques renouvelées par tiers.
Le nez riche et complexe possède un bouquet sur de belles notes de fruits noirs. La mûre et le cassis se font ressentir à l'aération. La bouche est corpulente et onctueuse à souhait. Le fruit est encore bien présent pour ce 2001. Suit une magnifique finale élégante et complexe.
Un très beau Haut-Médoc qui a encore de la réserve et qui pourra se déguster dans les 5 années à venir.
Château Coufran 2001 : Ce domaine de 76 ha se situe sur la commune de St-Seurin-de-Cadourne, au nord de l'appellation. Le vin issu du merlot (85%) et du cabernet-franc (15%) est élevé en fûts de chêne. Ce Cru Bourgeois est réputé pour son encépagement unique, avec une très grande proportion de merlot et surtout sans cabernet-sauvignon, chose rare dans cette appellation.
Robe rubis encore jeune. Le nez est riche et intense sur des notes de cèdre, de boisé, de fumé et de réglisse. L'ensemble forme un bouquet d'une belle complexité aromatique. Bouche ample aux tanins soyeux. Un peu moins raffiné que le Château Barreyres. Belle et longue finale sur des notes de cigare. Ce 2001 paraît presque encore trop jeune. Il a besoin de temps pour s'ouvrir et se dévoiler.
Ces deux vins sont issus d'un millésime excellent mais passé un peu inaperçu après le grand 2000. Je les conseille car les prix sont restés assez doux et les vins sont de qualité et de grandes gardes...

Ajaccio - Domaine Comte Peraldi 2005 (rouge)

L'appellation Ajaccio, située à l'ouest de l'île, couvre 239 hectares de vignes qui reposent essentiellement sur un sol granitique. D'un seul tenant, le Domaine Comte Peraldi se trouve aux portes d'Ajaccio. Sur environ 50 ha, le Comte Guy De Poix élabore de beaux vins rouges, blancs et rosés. Cette cuvée dégustée aujourd'hui est un vin rouge issu du cépage sciaccarello et du millésime 2005.
La robe rouge grenat est très claire et limpide. Suit un nez délicat sur des notes de baies rouges. Fin et très agréable, le nez pinote légèrement. La bouche est épicée, soyeuse et possède de beaux tannins fondus. La finesse que possède la bouche est typique d'un sciaccarello bien travaillé. Belle finale complexe et séduisante. Ce vin qui est un fleuron de l'appellation Ajaccio, fait penser, après quelques années en bouteille, à un grand Bourgogne au nez et à un grand vin de la Vallée du Rhône en bouche ! Je caractérise un peu, mais nous n'en sommes pas loin, pour donner un aperçu de cette belle cuvée. Je le conseille sur un rôti de boeuf, des grillades ou un fromage à pâte molle. Vendu environ 10€ la bouteille.

Match France / Nouvelle-Zélande.

Lequel des deux sera le vainqueur !

Nous voici, quelques semaines après la finale de coupe du monde de rugby entre la France et la Nouvelle-Zélande, pour refaire le match entre un pinot noir Français et un pinot noir Néo-Zélandais. Pour cette rencontre, j'ai choisi deux vins au hasard avec pour seules obligations pour que le match soit équitable : un prix identique (soit 12€ pour le Givry et 12,50€ pour le Marlborough), un seul et même cépage (le pinot noir), le même millésime (2008) et que les deux vins soient élevés de la même façon (élevage d'environ 12 mois en fûts de chêne).
Présentation des équipes :
France : Givry 1er Cru "Clos Jus" du Domaine Mouton 2008. Ce domaine de 10 ha situé à Givry est aujourd'hui une valeur sûre de l'appellation. C'est maintenant Vincent qui a repris le domaine familial qui existe depuis trois générations. Givry est une appellation "village" de la Côte Chalonnaise (Bourgogne) souvent sous-estimée qui produit des vins typiques et savoureux. Le vignoble de Givry est reconnu depuis Henri IV qui, dit-on, appréciait déjà ces vins. Les sols sont bruns calcaires et argilo-calcaires.
Nouvelle-Zélande : Marlborough "Pinot Noir" Framingham 2008. Cette maison créée en 1994 et située dans la Wairau Valley (sous-région de Marlborough, au nord de l'île du sud) appartient à Pernod Ricard Nouvelle-Zélande. On retrace l'origine de la viticulture en Nouvelle-Zélande au XXème siècle et plus exactement en 1819 lorsqu'un évêque français planta les premières vignes dans ce pays. Marlborough est la plus grande région viticole du pays. Le pinot noir est le 4ème cépage planté en Nouvelle-Zélande (524 ha sur 8200 ha au total).
Première précision avant de commencer : le Givry est bouché avec un bouchon en liège alors que le Marlborough est bouché avec une capsule vissée.

Nouvelle-Zélande (Marlborough "Pinot Noir" Framingham 2008) : la robe est d'une belle teinte rubis avec des reflets grenat. Le nez est très expressif et envoûtant sur d'agréables notes de fruits rouges compotés. A l'aération, une note de vanille se fait ressentir. La bouche est volumineuse mais sans excès avec une belle trame soyeuse. C'est un beau pinot noir qui sent le "soleil". Il y a toujours ces notes de fruits rouges compotés en bouche. L'équilibre est bon. Suit une magnifique finale boisée et vanillée (signe d'un élevage en fûts bien maîtrisé). C'est un vin à boire maintenant pour son beau côté fruité.
France (Givry 1er Cru "Clos Jus" du Domaine Mouton 2008) : la robe est d'une belle teinte rubis mais avec des reflets légèrement plus clairs que le Marlborough. Le nez est également bien expressif, avec moins de fruit présent. Je ressent des arômes de sous-bois et de baies rouges. Je trouve le nez plus fin mais moins flatteur. La bouche de ce Givry mise sur la finesse et sur la minéralité. Un peu légère, elle a quand même un bon équilibre avec des tanins fins et agréables. La finale est moyenne et trop vive. Son acidité et sa fraîcheur le destinent plus à la garde. A garder encore quelques années et à re-goûter...
Je préfère le pinot noir Néo-Zélandais (à l'heure actuelle !) pour son beau fruité et son équilibre mieux maîtrisé. La France joue plus la carte de la finesse et de l'élégance, avec une traduction du terroir peut-être plus importante que le vin de Nouvelle-Zélande. Je pense que ce Givry est encore trop jeune. Il pourra sûrement nous surprendre à condition d'avoir la patience de le laisser vieillir encore quelques années. La Nouvelle-Zélande joue plus sur le côté fruité du vin, voire démonstratif ! Mais je le préfère dans ces conditions de dégustation.
La Nouvelle-Zélande n'est pas championne du monde pour rien...